Analyse d’une expérimentation

Travail sur une webquest

, par Dominique Quéré

Cet article est un extrait du compte rendu complet de cette expérience que vous pourrez télécharger en format pdf (8 pages) en fin de document.

Cette analyse a été faite suite à un travail proposé à des élèves anglicistes de 3e, de niveau A2/B1 Cette webquest peut tout à fait être adaptée à d’autres langues et à d’autres niveaux, et il serait intéressant de voir alors dans quelle mesure on arriverait à des conclusions similaires.

Notre webquest

Dans le cadre du réseau « Ambition Réussite » au sein duquel nous enseignons, l’équipe des professeurs d’anglais a accepté cette expérimention après une réflexion théorique commune sur le concept de « webquest ». (pour plus d’éléments sur la notion de « webquest » et ses fondements théoriques, voir l’article du GEP-Langues sur ce même site)

Nous avons concu notre webquest dans une perspective actionnelle, telle que définie dans le Cadre Commun, centrée sur la notion de tâche réelle. Nous nous sommes également inspirés des travaux du didacticien australien Nunan, qui propose de considérer une tâche comme « une unité de travail centrée sur le sens (meaning-focused work) impliquant les apprenants dans la compréhension, la production et / ou l’interaction en langue cible ».

Il s’agit d’une webquest de type « organisationnelle », l’objectif étant l’organisation d’un séjour à Londres ayant pour objectif l’achats de vêtements « chics ». Les contraintes sont de deux ordres : financières (budget limité) et « stylistiques » (accord avec le profil du personnage à habiller).

Les « micro-tâches » permettent de travailler quatre compétences :
compréhension écrite avec le choix du moyen de transport et l’achat des vêtements, ainsi que la lecture d’un menu, compréhension orale à partir d’un document sonore (enregistré par nos soins) permettant de localiser un itinéraire, expression écrite de type argumentatif avec le bilan rédigé de cette préparation, expression orale en continu (éventuelle), permettant aux élèves de justifier auprès des autres les choix effectués.

L’ensemble est consultable à l’adresse suivante :
http://calendrier.vaillant.free.fr/londonfashion

Analyse de l’expérimentation

L’expérimentation a eu lieu à la fin du mois de mai, avec une classe de 3ème relativement peu motivée par l’anglais.

Il avait été précisé aux élèves que ce travail serait évalué et s’étalerait sur deux séances d’une heure chacune. Il s’agissait de donner une légitimité à l’activité et de limiter les effets parfois non désirés de l’Internet, pour qu’elle soit bel et bien perçue comme une vraie séance de travail.

L’installation des élèves n’a pas posé de difficultés ; il leur avait été précisé que ce qui serait évalué dans cette activité serait assez vaste, et prendrait autant en compte leurs capacités langagières que leur autonomie face aux tâches à accomplir. Nous avons choisi ainsi de ne leur apporter qu’un soutien technique – copie-collage d’images sur leur document, affichage des images, etc.

La découverte du site a été assez déstabilisante pour les élèves : activité d’un nouveau type, confrontation à une consigne en langue cible – cette dernière correspondant d’ailleurs plus à une contextualisation… autant de difficultés a priori auxquelles ils ont pu être confrontés.
Beaucoup ont ainsi écouté à de nombreuses reprises l’énoncé initial et sont restés bloqués à ce stade, alors qu’il leur était possible de continuer la webquest. Nous pensons utiliser ce moment pour expliquer aux élèves qu’il n’est pas forcément nécessaire de comprendre tous les termes pour comprendre l’intégralité d’un énoncé. Nous avons également trouvé intéressant le fait que plusieurs élèves aient eu le réflexe de consulter un traducteur en lignehttp://tr.voila.fr/ pour comprendre au mieux la consigne. Faut-il en tirer la conclusion que la plupart d’entre eux conçoivent la langue comme un système à traduire avant d’être compétence sociale ?

L’exercice d’achats de billets était assez complexe à réaliser, mais n’a pas généré les difficultés auxquelles nous nous attendions : outre la difficulté que certains ont pu avoir à distinguer les heures du matin (am) de celles de l’après midi (pm), beaucoup ont eu du mal à distinguer euro et livre sterling. Certains élèves, en effet, ont eu la curiosité d’aller sur les pages francophones du site de l’Eurostar, afin de trouver les informations demandées sur une interface en français.

L’exercice d’achats de vêtements a été bien perçue (et bien réussie) par l’ensemble de la classe. Ce type d’activité a su intéresser les plus à l’aise et, parce qu’elle était assez visuelle et ancrée dans la réalité, a aussi permis aux plus en difficulté de se lancer dans ce travail de compréhension. Nous avons pu remarquer, comme dans l’exercice précédent, que les élèves semblent légèrement démunis face à des interrogations d’ordre socioculturel (« ils s’habillent vraiment comme nous, en Angleterre ? »). La question des tailles de vêtements fut un autre exemple de ces interrogations fréquentes posées par les jeunes. Peut-être faut-il y voir une piste de travail à développer plus souvent en classe ?

L’exercice du repas a, en revanche, été estimé trop difficile dans le cadre de travail retenu. En raison du vocabulaire complexe d’une part, qui leur a donné une sensation de mais surtout de la sophistication des plats proposés qui a beaucoup gêné les élèves. Nous prévoyons quelques modifications quant à la composition des menus qui, tout en étant des documents authentiques, seront un peu plus accessibles.
Le dernier exercice, qui est un exercice de compréhension orale, a nécessité de la pugnacité. Aucun indice n’est donné a priori et c’est au jeune de devoir se repérer dans un premier temps et trouver un itinéraire dans un second temps. Les élèves qui ont réussi l’exercice ont semblé intéressés par ce type d’activité, qui a globalement été réussie par la classe – après de nombreuses tentatives infructueuses, parfois. Mais le sentiment de satisfaction après avoir réussi à trouver l’adresse n’est pas, pensons-nous, négligeable dans l’approche d’une langue étrangère.

L’impression générale de cette séquence de travail a été globalement positive. Certes, les élèves ont pu se heurter à des difficultés que nous n’avions pas prévues, les gênant plus que nous n’avions pensé, et beaucoup de points seraient à reprendre. Mais nous avons pu aussi vérifier un intérêt certain de la classe pour ce type de travail. Beaucoup plus autonomes qu’en cours ordinaire, jouant le jeu du travail individuel sans rechigner, la classe a semblé apprécier d’être sollicitée de la sorte. Notre rôle d’enseignants s’en est trouvé également transformé : nous intervenons à présent à côté des élèves, leur apportant de façon différenciée les éléments nécessaires à leurs progrès.
Nous prévoyons de poursuivre l’expérience et de bâtir, à moyen terme, une webquest par niveau, en sollicitant l’ensemble de l’équipe d’anglais. Les collègues d’espagnol se sont également montré très intéressés par la démarche.

Voir en ligne : Webquest « London Fashion »

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