« Homesearch » - Faites voyager vos neurones

, par Gilles Delétang

Les webquests que je propose sur cette page n’en sont pas vraiment. Elles n’affrontent pas le Wild Wild Web mais explorent un environnement qui a été fabriqué pour l’occasion. Pour cette raison je préfère parler de « Homesearch ».

Cette activité ne peut pas revendiquer l’authenticité de la webquest traditionnelle. Son but n’est pas non plus exactement le même. J’appartiens à la génération qui a connu l’option « anglais renforcé », maintenant disparue . Comme le nom prêtait à confusion j’expliquais alors la philosophie de l’option par une comparaison avec le monde de la restauration : « En anglais je vous apprends pendant trois heures à faire la cuisine, en anglais renforcé nous aurons deux heures pour déguster les plats ».

Les homesearch relèvent du même objectif. Elles n’ont pas de caractère didactique. Ma préoccupation principale est l’utilisation de la langue dans un cadre qui tranche avec le quotidien de la classe. Le cadre est dépaysant. L’amorce de la tâche est toujours bêtement banale mais un peu intrigante. La relation de travail qui en découle est, elle, authentique même s’il s’agit de surfer sur des documents plutôt que sur le web.

L’organisation du travail.

La salle informatique dont je dispose permet de faire travailler une classe complète avec deux élèves par poste. La nature des homesearch m’assure que je n’ai pas de problème d’accès aux sites où ont lieu les recherches (voir plus loin), les élèves disposent donc de 50 minutes pleines pour découvrir leur tâche et l’effectuer.
Chaque élève a un questionnaire qui lui est donné dès qu’il a découvert sa tâche. Ce questionnaire est différent de celui de son partenaire mais le travail est mis en commun.
La multiplicité des questionnaires permet d’adapter celui-ci au niveau de l’élève.
L’exploration des documents se fait sur un espace pré-défini mais les élèves peuvent utiliser tous les outils que le net met à leur disposition. La nature de la homesearch permet de corriger certains abus (voir plus loin) comme la traduction automatique sans donner l’impression de limiter la liberté de l’élève.
J’autorise la conversation en français pendant les recherches car je serais incapable de la limiter de toutes façons. Imposer l’anglais à ce niveau serait artificiel et constituerait une entrave à la rapidité de découverte des réponses et à la satisfaction qui en découle, ce qui est essentiel à mes yeux.
Par contre, la personne la plus active de la classe est le professeur. On me sollicite en levant le doigt. J’interviens très rapidement pour débloquer, suggérer, montrer, expliquer, corriger, faire progresser. On ne me questionne qu’en anglais et je ne réponds qu’en anglais.
Les questionnaires sont ramassés en fin de séance. La correction est facile et la notation évidente (voir plus loin). Je ne propose pas de continuer le travail la fois suivante. J’ai gardé en archive des homesearch « à épisodes » où l’histoire se continuait. Elles entraînaient une lassitude malgré mes efforts pour maintenir l’attention.

Pourquoi avoir construit des « homesearch » ?

Il s’agit d’un environnement complet qui comprend à la fois la mise en scène de la recherche et les documents où elle devra avoir lieu.

Premier avantage : elle est toujours accessible. Les questionnaires et les pages à explorer sont sur le même serveur, sauf panne de courant.

Second avantage : la maîtrise de la totalité des documents, forme et contenu. Mon premier travail consiste à maquiller ma « homesearch » pour qu’elle ressemble à une webquest. Étant éditeur de toutes les pages qui seront parcourues je peux l’adapter à l’humeur du moment, à la personnalité de la classe, à l’ambiance que je veux créer.
J’attache une grande importance à la mise en scène de la tâche qui sera proposée. Dans la plupart des cas, je simule un appel à l’aide d’un internaute qui sollicite l’élève pour résoudre un problème dont il ne peut pas venir à bout lui-même. Si cela se produisait dans la réalité, le message de détresse serait rédigé en français. Même si c’est un anglais qui appelle au secours, il le fait en français puisqu’il s’adresse à un français. Par contre il fait les fautes typiques que ferait un anglais.

Troisième avantage : l’étalonnage. Mon travail est construit de façon à être corrigé facilement. Les questionnaires sont calibrés dans ce but et si je constate qu’une tâche est trop exigeante ou mal évaluée elle sera rectifiée car je maîtrise à la fois les questions et la façon dont on trouve les réponses.

Je peux également tenir compte des dérives constatées. Quand des collègues m’ont fait remarquer que les élèves utilisaient la traduction automatique de Google pour comprendre les documents, j’ai ajouté un exercice à la homesearch incriminée pour obliger l’élève à réfléchir à la validité des textes traduits. Ceci a été fait dans l’urgence, mais dès la séance suivante tous les textes avaient été transformés en images. Le traducteur étant devenu inopérant et je n’ai pas eu à l’interdire.

Quelques exemples.

Errand boy : C’est le niveau le plus simple de mise en scène. C’est le plus complet quand à la palette de capacités. Cinq questionnaires différents permettent de faire travailler avec succès des élèves de tout niveau à partir de la quatrième.

The Loony Heads : Ce travail a été proposé en troisième à faire à la maison, en autonomie complète, pour les vacances de Noël. Je savais que les élèves (qui étaient volontaires) communiqueraient entre eux et mon but, non avoué, était de provoquer cette collaboration autour de l’activité. J’avais également espoir d’impliquer des personnes extérieures intriguées par le sujet et je me réjouissais à l’idée, qu’en plus du travail de recherche, mes élèves allaient passer un certain temps à expliquer et traduire les pages aux adultes de leur entourage dans le but de recueillir des informations. Nombre de parents ne maîtrisent pas l’anglais mais sont incollables sur le rock des années 70. Sauf que les Loony Heads n’existent pas. Tout le contenu de ce site est de ma fabrication.

Kansas Kid : Rassurez-vous, Kansas Kid a bien existé. La photo de sa tombe est sur le site. Dans le but d’étoffer l’intrigue de départ, je romps une de mes règles qui consiste à ne pas faire d’épisodes. Lors de la première séance on cherche le mot de passe qui permettra d’accéder à la seconde séance. Niveau troisième.

Rap Académie : Ce travail a été conçu pour des troisièmes en marge de toute préoccupation pédagogique. En fait, il s’agit d’un détournement de webquest dont l’élève ne doit pas être conscient. Ma préoccupation était la drogue et l’alcool. Je sais par expérience que la morale et les recommandations vertueuses servent à peu de chose en la matière. Par contre, face à la réalité crue, les élèves sont parfaitement capables de tirer leurs propres conclusions. Mon but est ici de les mettre au contact de la réalité crue.

Murder on Monday : Cette homesearch a été mise au point pour des élèves britanniques. La donne est donc inversée. Les anglais reconnaîtrons les séries ciblées : Pie in the sky, Rosemary and Thyme et l’inoxydable… The Bill. Elle est incompréhensible pour des américains.

Voir en ligne : Cliquez pour accéder au site

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