Certains élèves pensent que l’on peut ou doit pouvoir apprendre une langue aujourd’hui sans effort particulier en regardant des séries en VO à la télévision ou encore en faisant des jeux vidéo. Le fait est que ces pratiques sont un très bon complément mais seules, elles ne sauraient dispenser l’élève de tout effort, notamment lorsqu’il est débutant.

Il est donc important de conduire les élèves à mémoriser régulièrement du vocabulaire utile, de leur donner de bonnes habitudes de travail dès les premières heures de cours et de leur proposer différentes méthodes pour mémoriser efficacement et le plus durablement possible le lexique.

Une expérimentation Quizlet en classe de 6° bilangue

Le constat fait au 2° trimestre : la plupart des élèves ont des difficultés de mémorisation, en particulier du lexique (à la fois chaîne sonore, trace écrite, sens …) ce qui compromet le développement des compétences dans les différentes activités langagières de réception de production et de médiation.
Ce déficit lexical s’avère également être un obstacle majeur pour la compréhension des consignes de travail données en allemand et bien sûr pour la compréhension des textes ou documents audio, même simples, que nous étudions au fur et à mesure en classe ou à la maison. Pour améliorer la mémorisation du vocabulaire, j’ai décidé de mettre en place des « listes » [1] avec Quizlet.

Mise à disposition du vocabulaire avec Quizlet

On ne peut pas laisser les élèves utiliser Quizlet sans présentation de l’outil.
Je leur ai montré une série de « flashcards », une première liste, en expliquant les 6 étapes que Quizlet propose :
– 4 étapes pour « étudier » (donc apprendre le vocabulaire qui alternent les contextes de réception) et production : cartes (on lit et écoute les cartes d’abord un côté puis l’autre, les côtés peuvent être inversés), apprendre (il faut écrire la traduction), dictée (on entend le mot ou la phrase et doit l’écrire, il est possible de régler le débit en normal et lent) et puis pour finir le test. Dans le test, on est interrogé sous différentes formes sur la totalité de la liste.
– 2 jeux : associer (il faut associer mot ou phrase avec sa traduction, le temps est chronométré, puis comparé avec les autres joueurs), gravité (des météorites de mots / phrases tombent et il faut à toute vitesse taper la traduction pour éviter la « collision » du mot présenté sous forme de météorite avec le sol)
Il est intéressant et stimulant pour l’élève, en plus de l’autocorrection, d’avoir un retour sur le pourcentage de la liste déjà travaillée et également sur le taux de réussite étape par étape. Donc clairement sur le vocabulaire qu’il a déjà mémorisé et celui qu’il n’a pas encore mémorisé.

L’aspect ludique de ces activités a suscité une certaine curiosité et répondu à une attente des élèves. Le groupe était donc dans une bonne disposition psychologique de départ.

J’ai imposé aux élèves de commencer par une liste spécifique et de faire les étapes dans l’ordre.
Premier constat, plusieurs élèves n’ont pas commencé par la liste que j’avais pourtant indiquée pour débuter l’apprentissage mais par une autre. En outre, certains n’ont pas fait les étapes dans l’ordre demandé mais ont commencé la partie jeu, et notamment le jeu « gravité ». Cela les a beaucoup amusés, cependant leur taux de réussite est resté faible par manque de mémorisation du vocabulaire.

J’ai très vite fait le constat que la mémorisation du vocabulaire est plus efficace si l’apprenant suit les étapes dans l’ordre proposé par Quizlet. Pour le voir, il suffit de regarder les taux de réussite sur les listes travaillées. Cela montre bien que les activités telles qu’elles sont proposées par Quizlet sont une véritable aide pour mieux mémoriser le vocabulaire car elles prévoient une montée en puissance de la difficulté. En effet, les mots ou phrases sont répétées plusieurs fois en alternant la réception (sonore ou visuelle) et le type de production (aucune, associer, écrire le mot).
J’ai donc expliqué aux élèves que la mémorisation des mots ou phrases sera meilleure s’ils suivent le parcours proposé par Quizlet au lieu de commencer par la fin. Certains se sont alors raisonnés et ont accepté de faire les choses dans l’ordre.

Une contrainte liée à un outil tel que Quizlet : il n’accepte pas les fautes d’orthographe, toute approximation et même l’oubli de la majuscule ou d’une ponctuation de fin de phrase est compté comme faux. Cela a d’abord étonné les élèves, voire frustré certains, mais rapidement ils ont compris qu’il valait parfois mieux prendre son temps et réfléchir que de se précipiter à taper quelque chose.

Mon travail en classe sur Quizlet s’est limité à deux séances pour présenter l’outil aux élèves et pour vérifier de quelle manière les élèves l’utilisent afin de donner les conseils adéquats pour en augmenter l’efficacité. Le but étant de toute façon que les élèves se saisissent de cet outil pour travailler chez eux, en autonomie.

En ce qui concerne les « listes », il faut considérer Quizlet comme un outil et un moyen, comme p.ex. un traitement de texte. La « qualité » ou encore pertinence du contenu ne dépend pas de l’outil mais de l’auteur des listes. A chacun de constituer des « listes » qu’il juge pertinent dans le cadre de sa séquence ou de sa progression, toujours dans le contexte du projet.

Il est bien sûr tout à fait possible de faire faire des listes par les élèves et Quizlet peut de toute façon être utilisé dans toutes les disciplines. Mais il ne faut pas sous-estimer le temps qu’il faudrait à un élève de 6° pour constituer des listes, et ensuite le temps qu’il faudrait au professeur pour les corriger.

Il est bien sûr aussi possible de se saisir de l’outil pour faire une différenciation ou une remédiation. Le professeur peut créer des classes ou groupes et communiquer les liens d’invitation à tous les élèves ou à certains seulement. Voici un exemple de liste en allemand sur le thème de la nourriture :

Puis un exemple de la même liste en mode jeu :

Bilan

Peut-on dire que ce travail sur Quizlet est plus efficace qu’un travail avec un carnet de vocabulaire traditionnel, en papier ?
L’expérience ne me permet pas d’affirmer cela dans l’absolu même si la mémorisation du vocabulaire a été bien meilleure sur cette période d’expérimentation pour l’ensemble des élèves, voire spectaculaire pour les élèves les plus en difficulté. Cependant sur le long terme il n’y a pas eu d’impact durable, mais entre autres parce que les élèves n’ont pas forcément été assidus sur le long terme chez eux. Il faut également reconnaître qu’un travail efficace avec Quizlet demande un certain temps de travail personnel de la part de l’élève, temps qu’il n’est pas toujours facile de dégager avec l’ensemble des disciplines qui sont à travailler.

Si la mémorisation a été meilleure pour certains, c’est notamment parce qu’ils ont passé plus de temps à apprendre le vocabulaire avec Quizlet que sans Quizlet. Cet outil attire et motive certains élèves pour plusieurs raisons : l’aspect ludique (même sur la partie « étudier »), tout est propre et bien présenté (ce n’est pas toujours le cas dans tous les carnets de vocabulaire). En revanche, d’autres préfèrent les méthodes dites classiques, telle que la liste de mots ou le carnet de vocabulaire, et par conséquent considèrent le travail sur Quizlet comme une perte de temps. Ils estiment qu’ils apprennent plus vite sans cet outil.

Ce n’est donc pas Quizlet qui est l’outil miracle, efficace pour tous. Mais c’est un outil supplémentaire et intéressant, complétant une large gamme d’outils et de méthodes que nous pouvons mettre à disposition de nos élèves pour une mémorisation plus efficace et plus durable du lexique ou encore pour mettre en place de la différenciation.