Cette expérimentation a été menée à l’EREA Jean Isoard de Montgeron, 91230 (Essonne) en classe de 6ème espagnol LV1 entre mai et juin 2017.
1. Contextualisation : présentation de l’EREA et profil des élèves
L’EREA Jean Isoard de Montgeron (91) accueille des collégiens et des lycéens. Au collège, de la 6ème à la 3ème, les élèves présentent des troubles spécifiques des apprentissages et du langage.
Au lycée professionnel, les élèves peuvent en plus de ces troubles, présenter de grandes difficultés scolaires et être en décrochage scolaire.
Problèmes généraux durables et persistants chez "les DYS" :
De façon générale, les "DYS" (dyslexiques, dyspraxiques, dysphasiques) ont des difficultés à se concentrer, des difficultés à l’écrit (transcription, lecture et rédaction), en lecture, compréhension (des consignes, comprendre et intégrer une nouvelle notion) , pour mémoriser, s’organiser et restituer.
Ils sont fatigables et manquent de confiance en eux, d’organisation et d’autonomie. Ils doivent, alors, compte-tenu des difficultés, privilégier l’apprentissage par le canal oral et bénéficier d’un rythme approprié, d’une pédagogie de projet et de collaboration. Le passage à l’écrit est souvent problématique du fait que beaucoup de nos élèves présentent des dyslexies, dysorthographiques et des dysgraphies sévères.
Troubles au niveau de la langue
– Sur la procédure Phonologique, on note des difficultés à manipuler les sons du langage, problème pour : percevoir, distinguer, reproduire le son.
On note des difficultés à traiter les informations visuelles et des difficultés pour identifier, reproduire les lettres et donc les mots.
2. Mes objectifs
Cette expérimentation avait pour objectif d’augmenter le temps de mémorisation en classe, étape essentielle de l’apprentissage, trop souvent reléguée à l’extérieur de l’espace-classe.
3. Quelques pistes pour augmenter la capacité de mémorisation des élèves présentant des troubles spécifiques
Les élèves à besoins éducatifs spécifiques présentant des troubles du langage et des apprentissages sévères ont besoin d’être accompagnés dans les apprentissages, il faut s’assurer d’avoir capté leur attention en amont.
Pour optimiser l’acquisition du vocabulaire, il est nécessaire que les élèves "découvrent les mots", notamment l’image visuelle du mot à l’aide de supports différenciés [1] , que les élèves puissent les répéter sous notre contrôle, certains élèves présentant des dysphasies réceptives, qui altèrent leur perception du son.
Il s’agit donc, d’un support et une mise en œuvre qui s’appuie sur de nombreux paramètres : ce que la capsule vidéo de classe inversée à la maison ne peut remplacer.
4. Méthodologie adoptée
Méthodologie "Attention, mémorisation, apprentissage ", de Hélène Labat, [2]
Sensoriel → Perceptif → Cognitif
- Etape 1) traiter l’information : apprendre, assimiler, comprendre → Mémoire sensorielle : son + image
En cours de langue cela se traduit par la découverte du mot : image visuelle, auditive - Etape 2) gérer, stocker → Encodage, stockage (maniement des lettres)
En cours de langue : Permettre à l’élève de stocker l’image auditive (compréhension orale) et visuelle du mot (associer le son et l’image/ lien graphie-phonie), en lui faisant manier les mots (réécriture du mot) via l’expression écrite, - Etape 3) récupérer (à bon escient), transférer → Reconnaissance
L’élève est désormais autonome et capable de reconnaître et comprendre le mot en contexte.
Voici des fiches de séances pour prendre connaissance du déroulé :
En parallèle à cette méthodologie de mémorisation initiale soutenue, d’acquisition et de stockage du lexique, j’ai mis en place plusieurs reprises ultérieures expansées dans le temps à l’aide du multitesting. J’ai eu recours à l’application kahoot qui permet d’effectuer une interrogation collective, en début de séance et de vérifier les résultats de chacun, question par question. (Ce classement est uniquement à usage du professeur pour ne pas faire obstacle à la motivation des élèves).
Ainsi à l’aide d’une page réservée à la séquence permettant d’accompagner la mémorisation des connaissances attendues en fin de chapitre, les élèves avaient la possibilité à chaque début de cours d’accéder à cette page avec la tablette en flashant le QR Code, ils pouvaient ainsi réactiver régulièrement les connaissances liées aux séances précédentes, ces connaissances correspondaient à un minimum de pré-requis.
En fonction de la nature des « choses » à mémoriser (vocabulaire catégorisé, verbes, lexique) plusieurs outils étaient proposés aux élèves : capsule vidéo faite avec adobe spark pour exposer les élèves à la double modalité : auditive et visuelle, et une carte mentale lorsqu’il s’agissait de catégoriser certains éléments ( ce que l’on boit on mange au petit déjeuner, par exemple)
A la suite de cette réactivation, les élèves avaient la possibilité de se tester grâce à un petit jeu créé soit avec learning apps, avec quizlet. Grâce à ces jeux, les élèves bénéficient d’un feedback proche et apprennent de leurs erreurs (le traitement de l’erreur faisant partie intégrante des processus de mémorisation).
Il est à noter que les reprises par consolidation mnésique avec pratique du feedback proche, (basée sur des exercices/une mise en activité) permettent « de varier la réactivation des connaissances en offrant un espacement dans le temps. », cette démarche est facilitée par l’application quizlet permet, par exemple.
La reprise du cours suivant se déroule quant à elle à l’oral.
Voici la page d’accompagnement de la séquence avec les deux super-héros "SuperMemo" et "SuperJuego".
5. Évaluation différenciée par contrat de confiance
Le contenu de la séquence, les contenus et modalités des évaluations sont présentés aux élèves en début de séquence.
La séance de pré-contrôle permet d’aider les élèves qui n’ont pas compris les notions ni mémorisé tout le lexique. Les élèves les plus à l’aise exposent de petites parties de cours comme s’ils étaient enseignants et les élèves plus en difficulté bénéficient d’un accompagnement personnalisé.
En fonction des difficultés qu’ils éprouvent, les élèves choisissent avec l’aide du professeur une évaluation en compréhension écrite et compréhension orale adaptée à leurs possibilités.
Voici le plan du contrat réalisé avec piktochart
L’élève a le choix entre trois niveaux de difficultés. Par exemple, pour évaluer la compréhension de l’écrit, l’évaluation de niveau 1 correspondante est imagée et, en plus d’être un support adapté pour troubles DYS, elle ne propose aucune question liée à l’implicite du texte, à la différence de l’évaluation de niveau 3.
Vous pouvez retrouver le contenu des supports d’évaluation sur la page qui est à disposition des élèves pour les aider à se positionner. (lien ci-dessous).
6. Bilan de l’expérimentation
Les tests de positionnement permettent également aux élèves et au professeur de faire le point sur l’avancée de chacun et de proposer des remédiations appropriées.
A l’issue de la séquence, chaque élève bénéficie ainsi d’une évaluation différenciée respectueuse du rythme et des possibilités de chacun. Ce choix d’une évaluation rassurante a constitué un facteur de motivation pour les élèves.
Le bilan général est donc globalement positif. Le fait de réfléchir en termes de pré-requis de séances en séances et de se donner les moyens de vérifier et consolider ces pré-requis permet d’optimiser la mémorisation du vocabulaire.